Un tribunal russe a ordonné la fermeture du Centre commémoratif des droits de l’homme (MHRC), un jour après le la cour suprême a révoqué le statut juridique de son organisation sœur, Memorial International.

Le tribunal municipal de Moscou a autorisé la dissolution du groupe, l’une des institutions de défense des droits humains les plus vénérées de Russie, pour « justification de l’extrémisme et du terrorisme » par des groupes religieux, dont les Témoins de Jéhovah, officiellement considérés comme des « extrémistes » en Russie.

La MHRC a annoncé son intention de faire appel de la décision devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Mercredi soir, Memorial International a publié une lettre de la Cour européenne ordonnant à la Russie de suspendre sa décision de dissoudre le MHRC et Memorial International, dans l’attente d’un examen juridique de la législation russe sur les “agents étrangers”. La réponse de la Russie à la décision, qu’elle est tenue de faire respecter par le traité, n’est toujours pas claire.

Le chef du MHRC, Alexander Cherkasov, a déclaré qu’il pensait que la décision de le liquider était motivée par des considérations politiques et que le gouvernement russe agissait pour supprimer les droits civils. Le groupe avait également nommé Alexei Navalny, un leader de l’opposition, un prisonnier politique. Son organisation au niveau national était extrémiste déclaré au début de cette année.

Mardi, la Cour suprême de Russie a dissous Memorial International, fondé par des dissidents dans les années 1980 pour enquêter sur les répressions de l’ère stalinienne contre des millions de citoyens soviétiques.

Les ordonnances du tribunal mettent fin à une année au cours de laquelle il y a eu une attaque sans précédent contre les libertés civiles en Russie, alors que les militants de l’opposition ont été emprisonné ou emmené en exil, tandis que des dizaines de médias et d’ONG ont été déclarés agents étrangers ou directement liquidés.

Memorial International a déclaré dans un communiqué qu’il « trouverait des moyens légaux de poursuivre notre travail », notamment en enquêtant et en publiant des informations sur les atrocités soviétiques.

“Memorial n’est pas seulement une organisation, pas seulement un mouvement social”, indique le communiqué. « Le mémorial est la demande des citoyens russes pour la vérité sur leur passé tragique, sur le sort de plusieurs millions de personnes. Et cette demande ne peut être « liquidée » par personne ».

La commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović, a qualifié la décision de “mesure déplorable qui aura des conséquences négatives importantes pour la protection des droits de l’homme en Russie”. Il a également critiqué la loi russe sur les “agents étrangers” comme ayant un “caractère répressif”.

Les gouvernements européens ont également critiqué la tentative de la Russie de fermer ses plus anciennes organisations de défense des droits humains. La ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a déclaré que la fermeture du Mémorial était “un autre coup terrible porté à la liberté d’expression en Russie” et qu’elle était “profondément inquiète”.

Un porte-parole du bureau des droits de l’homme de l’ONU a déclaré à l’AFP que la fermeture forcée du mémorial et les actions du tribunal “affaiblissent davantage la communauté des droits de l’homme en déclin dans le pays”.