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Quito (AFP) – Dix-huit jours de protestations contre le coût de la vie pour les indigènes équatoriens qui ont bloqué les routes et les puits de pétrole ont coûté au pays au moins 1 milliard de dollars, a annoncé lundi la banque centrale alors que le chef du mouvement était jugé.

Sur les pertes totales, plus des trois quarts provenaient du secteur privé et le reste de l’État, en particulier du secteur pétrolier extrêmement important, a déclaré le chef de la Banque centrale, Guillermo Avellán, à la chaîne Teleamazonas.

Les manifestations, qui ont interrompu la production de plus de 1 000 puits, ont fait chuter de plus de moitié la production pétrolière de l’Équateur, passant d’environ 520 000 barils par jour, selon le gouvernement.

Dimanche, trois jours après que le gouvernement et les dirigeants de la contestation ont signé un accord pour mettre fin à l’impasse paralysante, la production était remontée à 461 600 barils par jour.

Le pétrole brut est la principale exportation de l’Équateur.

Le leader de la contestation Leonidas Iza, leader de la puissante Confédération des nationalités indigènes (Conaie), a fait sa première comparution ce lundi devant un tribunal de la commune de Latacunga.

Il a été arrêté le deuxième jour des manifestations et détenu pendant 24 heures avant d’être relâché dans l’attente de son procès pour les fermetures illégales de routes.

L’accusation de paralyser un service public est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison.

On estime que 14 000 Équatoriens ont participé à une manifestation massive de mécontentement, la plupart à Quito, face aux difficultés croissantes d’une économie durement touchée par la pandémie de coronavirus.

La manifestation a été appelée par la Conaie, qui est créditée de la destitution de trois présidents entre 1997 et 2005.

Jeudi dernier, le gouvernement et les leaders de la contestation ont signé un accord pour mettre fin aux manifestations parfois violentes qui ont fait six morts et plus de 600 blessés.

Le gouvernement a accepté de réduire les prix du carburant déjà subventionnés jusqu’à 8 %, moins que les 21 % que les manifestants recherchaient, mais suffisamment pour les convaincre de quitter les rues où beaucoup avaient occupé des barricades enflammées.

Avellan a déclaré que l’augmentation de la subvention au carburant coûtera à l’État environ 3 milliards de dollars par an.

Le gouvernement a également augmenté le paiement mensuel de l’aide aux habitants les plus pauvres du pays, interrompu le paiement des petits prêts bancaires détenus par les Equatoriens ruraux et accepté de revoir certaines activités minières dans les zones indigènes.

Avant les troubles, a déclaré Avellan, la banque centrale avait prévu de relever ses prévisions de croissance économique pour 2022, actuellement à 2,8%.

Raúl Ilaquiche, l’avocat d’Iza, a déclaré à l’AFP que son procès durera plusieurs jours et que plusieurs témoins seront appelés.

Quelque 2 000 partisans d’Iza se sont rassemblés près du bâtiment du tribunal, bloqué par des clôtures métalliques et des policiers, selon des responsables municipaux.