Il avait ce beau visage que les Français connaissaient visiblement, ce sourire et ses yeux pleins de gentillesse, une délicatesse dans le jeu, la manière d’être. Un visage enregistré depuis des décennies dans les rétines des Français, téléspectateurs, cinéphiles, mais aussi au théâtre où il a mené une carrière de plus d’un demi-siècle couronnée en 1994 avec son entrée à la Comédie Française. Michel Robin est décédé ce jeudi des suites de Covid. Il venait de fêter ses 90 ans.
Né à Reims, l’acteur débute au théâtre avec Roger Planchon, puis avec la Compagnie Renaud-Barrault et joue notamment dans «Waiting for Godot» de Samuel Beckett, mis en scène par Roger Blin (1970). En 1990, il reçoit le Molière du meilleur second rôle pour “The Winter Crossing” de Yasmina Reza, réalisé par Patrice Kerbrat.
Quatre ans plus tard, il entre à la Comédie Française, dont il devient membre 495. Souvent dans un second rôle, il joue en 1996 Monsieur Jourdain dans «Bourgeois Gentilhomme» de Molière, réalisé par Jean-Louis Benoit. Il a quitté les Français fin 2010.
“Sa tendresse et son humour ravageur”
«Nous avons tous des souvenirs précis de Michel, qui a quitté notre théâtre il y a dix ans. De sa tendresse et de son humour dévastateur. Leurs dents aussi, carnivores et drôles », écrivait ce jeudi matin Eric Ruf, administrateur de la Comédie française, annonçant sa mort. «Depuis sa retraite, il a pris notre actualité et a suivi nos activités avec le même intérêt qu’il a lu L’Equipe et le sort de ses équipes sportives préférées. “
Au cinéma, il a réalisé une soixantaine de films, pour Jacques Doillon (“Un sac de billes”), Michel Lang (“L’Hôtel de la plage”) ou encore Costa-Gavras (“L’Aveu” et “Eden à l’ouest »). Francis Veber aussi (« Le Jouet »,« La Chèvre »), Jacques Deray (« Le Marginal »). En 1979, il remporte le Grand Prix d’interprétation du jury du Festival de Locarno pour« Les Petites Fugues »par Yves Yersin, dans lequel il a joué.
On l’a également vu dans “Merci pour le chocolat” de Chabrol, “Le fabuleux destin d’Amélie Poulain” et “Un long engagement dimanche” de Jean-Pierre Jeunet, et plus récemment dans “Adieu Berthe” de Bruno Podalydès, “Still vous n’avez rien vu »d’Alain Resnais ou« l’Odeur de la mandarine »de Gilles Legrand.
“Nous perdons un grand-père, un père de théâtre, un ami, un grand acteur”
À la télévision, il est apparu dans une centaine de productions. En plus d’un rôle récurrent sur “Boulevard du Palais”, il a été pendant une génération Doc, le maître du chien Croquette dans la version française de “Fraggle Rock”, un spectacle de marionnettes créé par Jim Henson, le père des Muppets, et diffusé sur FR3 de 1983 à 1986. Il apparaîtra également sur «Les Deschiens» de Canal +.
«Michel était mon partenaire de promotion dans notre théâtre et nous avons beaucoup parlé pendant des années. Très vite, il m’a confié avec son air indifférent et intelligent qu’il était l’acteur le plus âgé de sa génération et le plus connu de son immeuble, raconte Ruf. Michel a toujours joué des vieillards, depuis le tout début de sa carrière. Il a récemment admis qu’il était enfin assez vieux pour jouer le rôle et que cela le bouleversait, poursuit Eric Ruf dans son hommage. Nous perdons un grand-père, un père de théâtre, un ami, un grand acteur. “