Salameh fait l’objet d’une enquête au Liban et dans plusieurs pays européens pour faute présumée, notamment de blanchiment d’argent.
Beyrouth, Liban – Un juge libanais a imposé mardi une interdiction de voyager au gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salameh, alors que le célèbre directeur de l’économie du pays fait l’objet d’enquêtes pour inconduite financière dans son pays et à l’étranger.
“Il doit être interrogé jeudi, sur la base des preuves claires dont nous disposons”, a déclaré à Al Jazeera le juge Ghada Aoun, qui a enquêté sur Salameh. “Il y a des informations importantes que nous devons vérifier lors de l’interrogatoire.”
Le juge avait interrogé de hauts responsables de la banque centrale plus tôt dans la journée. L’interdiction, qui a été signalée pour la première fois par l’agence de presse Reuters, est entrée en vigueur immédiatement.
Les avocats d’un groupe d’activistes appelé “The People Demand Regime Reform” ont déposé mardi une demande légale pour imposer une interdiction de voyager à Salameh.
Haitham Ezzo, l’un des avocats du groupe, a déclaré à Al Jazeera que Salameh est accusé de divers crimes financiers, notamment d’enrichissement illicite, de blanchiment d’argent, de détournement de fonds et de gaspillage de fonds publics.
Ezzo a ajouté que les avocats ont la preuve que Salameh a loué un petit appartement sur les Champs-Elysées à Paris par l’intermédiaire de la banque centrale du Liban, à un prix gonflé.
“Il profite personnellement de la différence”, a affirmé Ezzo.
Autrefois salué pour ses prouesses financières, Salameh est tenu pour responsable par beaucoup au Liban d’un effondrement financier qui a laissé les banques du pays en grande partie insolvables et anéanti les économies d’une vie de nombreux Libanais.
Salameh fait l’objet de diverses enquêtes au Liban et dans quatre pays européens. La Suisse et la France ont ouvert des enquêtes l’an dernier sur les allégations de blanchiment d’argent qui l’impliquent.
Salameh a nié à plusieurs reprises tout acte répréhensible au cours de ses près de trois décennies à la tête de la Banque du Liban. Il affirme que les accusations portées contre lui sont motivées par des considérations politiques et que sa fortune personnelle a été accumulée avant qu’il ne devienne gouverneur de la banque centrale.
L’interdiction de voyager de mardi intervient alors que la livre libanaise continue de grimper, ayant perdu 15 pour cent de sa valeur ces derniers jours. Il a perdu plus de 95 % de sa valeur depuis que le pays est entré en crise fin 2019. Les trois quarts de la population vivent dans la pauvreté et le gouvernement ne s’est pas réuni depuis octobre dernier.
Ezzo dit que son groupe d’activistes veut que les tribunaux libanais aillent plus loin et gèlent tous les avoirs de Salameh. Ils ont déposé avec succès une action en justice pour geler certains de leurs actifs en juillet 2020.
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