Le tribunal de Strasbourg a jugé que la Suisse avait violé l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, relatif au droit au respect de la vie privée et familiale. Pierre angulaire / Patrick Seeger

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a critiqué la Suisse pour avoir rejeté les demandes de regroupement familial des réfugiés au motif qu’ils dépendaient de l’aide sociale.

Ce contenu a été publié le 4 juillet 2023


Keystone-SDA/ts

Dans votre décisionlien externe Rendu mardi, le tribunal de Strasbourg a conclu que la Suisse avait violé l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, relatif au droit au respect de la vie privée et familiale. Les quatre personnes – trois Erythréens et un Chinois d’origine tibétaine – sont arrivées en Suisse entre 2008 et 2012 et ont obtenu le statut de réfugié.

Ils ont été admis dans le pays à titre provisoire, car il avait été établi qu’ils risquaient d’être maltraités s’ils retournaient dans leur pays d’origine. Contrairement aux réfugiés bénéficiant du statut d’asile, les personnes admises provisoirement n’ont droit au regroupement familial que si elles ne dépendent pas de l’aide sociale.

Dans le cas des quatre réfugiés, les autorités suisses ont rejeté leurs demandes de regroupement familial au motif que cette condition n’était pas remplie.

Disproportionné

Constatant que deux des quatre requérants travaillaient et qu’un troisième avait été déclaré médicalement inapte au travail, la Cour a conclu que les autorités suisses « n’avaient pas ménagé un juste équilibre entre, d’une part, l’intérêt des requérants à rencontrer leurs proches en Suisse et, d’autre part, l’intérêt de l’ensemble de la communauté à contrôler l’immigration en vue de protéger le bien-être économique du pays ».

La Cour EDH a condamné la Suisse à verser 5 125 € (5 000 CHF) chacun aux deux requérants et 15 375 € (15 000 CHF) à un tiers pour préjudice moral, ainsi que les frais et dépens.

Dans le cas d’un cinquième requérant, la Cour a conclu que les autorités n’avaient pas outrepassé leur pouvoir discrétionnaire en rejetant la demande de regroupement familial du requérant. Il n’avait fait aucun effort pour trouver du travail, même s’il pouvait travailler.

La Cour européenne des droits de l’homme est une juridiction internationale du Conseil de l’Europe qui interprète la Convention européenne des droits de l’homme. Elle n’est pas liée à l’Union européenne.

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