“C’est clairement une mauvaise décision car elle consiste à fermer plus d’entreprises au lieu d’en ouvrir davantage”, a réagi dimanche 1er novembre sur franceinfo Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution, après les annonces de Jean Castex sur les supermarchés qu’ils devront fermer leurs rayons de produits non essentiels le mardi 3 novembre.

“C’est une mauvaise décision aider les petites entreprises et qu’au contraire sera affaiblie par la montée d’Amazon et d’autres “ Ajouta Jacques Creyssel. “Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour respecter la loi, mais cela risque d’être extrêmement compliqué et surtout absolument incompréhensible pour les Français.”, selon le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution.

franceinfo: les supermarchés devront fermer mardi les rayons de leurs produits non essentiels. Que pensez-vous de cette décision?

Jacques Creyssel: De toute évidence, il s’agit d’une mauvaise décision, car elle implique de conclure plus de transactions plutôt que d’en ouvrir davantage. Le problème que nous avons aujourd’hui est de permettre la réouverture progressive, par exemple sur rendez-vous, d’un certain nombre de petites entreprises. C’est une décision qui n’aidera pas les petites entreprises, qui seront au contraire affaiblies par la montée d’Amazon et d’autres. Cela compliquera la vie des Français qui ne trouveront pas toute une série de produits dont ils ont besoin au quotidien. Cela mettra les fournisseurs en difficulté, en particulier les PME. Elle aura un impact social sur plusieurs dizaines de milliers d’emplois dans notre secteur, alors qu’il n’y a aucune justification en matière de santé. Nous avions proposé d’autres solutions, notamment la réouverture de petites boutiques sur rendez-vous. Nous ne comprenons pas pourquoi cette solution extrêmement simple n’a pas été retenue.

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À votre avis, est-ce une mesure irréaliste qui ne sera jamais appliquée, jamais?

On va appliquer ce qu’on nous dit mais il faut encore se donner des éléments spécifiques. Nous vendons du lait pour bébé, cela signifie-t-il que le prochain produit ne peut pas être vendu? Nous vendons du dentifrice, cela signifie-t-il que le mascara voisin ne peut pas être vendu? C’est quelque chose de difficile à concevoir, à appliquer. Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour respecter la loi, cependant, elle risque d’être extrêmement compliquée et surtout absolument incompréhensible pour les Français. C’est une décision qui sur le terrain ne sera pas comprise par nos clients. Nous devrons leur expliquer et cela nous incombera. Le gouvernement ne va pas gagner. Mais nous sommes des légalistes, nous appliquons les règles sans problème.

Pensez-vous que le grand gagnant est les plateformes de commerce électronique comme Amazon?

En fait, c’est le problème. Quand il n’y a pas d’autres solutions, les clients, on a vu qu’avec le premier lock-out, les personnes âgées par exemple, qui se sont rendues en masse sur Amazon et une fois qu’elles l’ont découverte, elles ne sont pas revenues. dans nos magasins. Cela signifie moins d’emplois, cela signifie remettre en question le commerce physique en France, des villes qui finiront par avoir de plus en plus de difficultés. Le commerce français est clairement victime de la reconfiguration. Ce que nous avons décidé en termes de distribution, c’est d’aider les petits commerçants en les aidant à “Click and Collect” en livrant leurs produits dans nos magasins. Malheureusement, tout ce beau projet est remis en question puisque la partie de nos magasins qui était prévue pour cela sera fermée.

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20 milliards d’euros de crédits supplémentaires débloqués pour aider les petits commerçants. Est-ce positif?

Bien sûr que oui, c’est positif, ce sont des aides pour les petits commerçants mais malheureusement il y a des trous dans la raquette. Toutes ces subventions sont parfois accordées à des entreprises comptant jusqu’à 50 employés, ou jusqu’à 250 employés dans le cadre de la location. Cependant, il existe des entreprises de taille moyenne dans le secteur de la grande distribution, des chaînes de vêtements qui ne bénéficieront pas du tout de cette aide lorsque leur situation est extrêmement difficile. Ce système, sans aucun doute, doit être complété. Et nous devrons investir plusieurs milliards dans la numérisation. C’est la clé, bien que cela ne signifie pas que cela sauvera des choses à court terme. On sait que dans un an ou deux, il est indispensable de résister aux grands acteurs internationaux.