France Ô disparaîtra le dimanche 23 août à minuit des écrans, comme le gouvernement l’a décidé il y a deux ans, compte tenu de la faible audience de cette chaîne publique au profil unique, à la fois une vitrine télévisée en plein air et un concentré de diversité.
Contrairement à France 4, une chaîne destinée particulièrement aux enfants, qui a bénéficié en juillet d’une suspension d’un an (jusqu’à l’été 2021), France Ô a vu sa fermeture confirmée par le ministère de la Culture, la date fatidique n’ayant été reportée que du 9 au 23 août.
La chaîne vit donc ses derniers instants. Elle a annoncé jeudi programmation spéciale pour son dernier jour dans les airs. Le CSA a ratifié la fermeture et, à compter du 1c’est En septembre, la fréquence TNT attribuée à France Ô sera recyclée pour diffuser la chaîne d’information continue Franceinfo en haute définition en France métropolitaine.
Ce sera donc la fin d’une aventure de quinze ans, voire vingt-deux si l’on inclut son prédécesseur: France Ô a été lancé en 2005, en remplacement de RFO Sat, né en 1998. Initialement cantonné au câble et au satellite, il doit attendre 2010 pour accéder à la TNT dans tout le pays, gage d’une plus grande notoriété. Malheureusement, la chaîne a toujours eu du mal à trouver son audience.
Démonstration du dimanche
Son cahier des charges, qui lui confère la double mission de promouvoir la diversité culturelle et d’être une vitrine télévisuelle des DOM-TOM en métropole, est souvent perçu comme déroutant et la chaîne s’est régulièrement retrouvée sous les feux de la rampe en raison de sa faible audience: 0,8% en 2016 puis 0,6% en 2017.
Malgré tout, la cinquantaine de collaborateurs (qui seront reclassés au sein de France Télévisions) a été soutenue. Lundi 27 juillet, cent vingt-cinq personnalités, dont Audrey Pulvar, Lilian Thuram et Erik Orsenna, avaient lancé un appel Dans Lancement pour sauver la chaîne. Plus de 100 000 téléspectateurs également a signé la pétition “Save France Ô”. Le groupe derrière ce mouvement appelle à des manifestations le dimanche après-midi à partir de 14h30 devant le ministère de la Culture.
Au cours des deux dernières années, les parlementaires d’outre-mer, qu’ils soient majoritaires ou opposés, ont continué à mettre en avant leur rôle unique dans le paysage audiovisuel français. “France Ô a eu une audience intime mais assidue, il y a eu cette vitrine à l’étranger, et cette opportunité de promouvoir des journaux et des documentaires télévisés” produit dans ces territoires, assure l’Agence France-Presse (AFP) Olivier Serva, député du LRM de Guadeloupe, qui préside la délégation outre-mer de l’Assemblée nationale. Et rappelez-vous que le président, Emmanuel Macron, avant son élection, avait promis de garder la France Ô.
“Je suis profondément désolé [cette décision]. Je soutiens que la France Ô est nécessaire pour l’Hexagone – liaison outre-mer “, La députée martiniquaise MoDem Maud Petit se repentit, choisi dans le Val-de-Marne, à l’occasion de la fermeture de la chaîne, début août.
Une date particulière
“Il est clair qu’en dehors de la France Ô la visibilité de l’extérieur dans l’ensemble du panorama audiovisuel est au mieux marginale, au pire inexistante”Maurice Antiste, un sénateur socialiste de la Martinique, et Jocelyne Guidez, une sénatrice centriste de l’Essonne, sont également préconisés dans un rapport. Le gouvernement a tenté d’éviter cette critique en demandant à France Télévisions de renforcer les contenus étrangers sur ses autres chaînes. Une nouvelle plateforme numérique, baptisée «Outre-mer la 1heure », également lancé en juin.
Tout cela s’inscrit dans un “pacte de visibilité” signé il y a un an par France Télévisions, qui vise à “Garantir la présence pérenne des DOM-TOM au centre de l’offre publique audiovisuelle”, avec des objectifs quantifiés gravés dans la pierre. Pour Olivier Serva, le compte n’est pas là. “Cela semble être une idée intelligente et intéressante, mais en pratique, cela ne fonctionne pas”et “Pour l’instant, nous n’y croyons pas”. Au contraire, France Télévisions assure que cette stratégie donne déjà des résultats indéniables.
Reste la date choisie par le gouvernement pour couper le signal de la chaîne, qui a frappé certains Ultramarins: elle tombe à l’occasion de la Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition.