On le sait, le jeu vidéo est un marché en plein essor qui ne finit pas de briser le record de chiffre d’affaires presque chaque année. Ainsi, entre 2018 et 2020, il est passé de 150 milliards à plus de 174 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel. Une énorme manne donc pour les studios de développement et les éditeurs toujours en quête de l’opus qui fera exploser les ventes.

Un exemple récent est bien entendu Epic Games qui, avec Fortnite, ont mis en avant le style Battle Royale tout en développant le studio avec notamment une plateforme pour jouer qui concurrence Steam. Pourtant, peut-on parler de réelle création ? Epic Games semble aimer piocher chez les concurrents.

Si cela a été possible, c’est bien grâce à la création d’une licence aussi novatrice que populaire. La licence a toujours été le fer de lance des jeux vidéo. Mais, dans une époque qui imite plus qu’elle ne crée réellement, comment l’industrie et les studios comptent se réinventer ?

Nintendo ouvre la voie

Si aujourd’hui les exclusivités et les licences réputées sont un des plus gros arguments de vente d’une console, c’est à cause de la firme japonaise. Dès les balbutiements du jeu vidéo grand public, elle a proposé plusieurs licences qui ont marqué le jeu vidéo et ont débordé vers la pop culture. Mario, Zelda, Donkey Kong, Animal crossing, Pokemon, la liste est aussi longue que qualitative. Avec une telle armada de licences légendaires, Nintendo assure la plupart des ventes de ses consoles grâce à ses jeux. Si les différentes Gameboys au travers du temps sont toujours aussi populaires, la sortie d’un jeu Pokemon représente toujours un énorme boost dans la vente des machines.

C’est donc Nintendo qui, en pionnier, a posé le décor et les règles. Pour durer dans la continuité, tant en tant que studio de développement que de constructeur, il faut des licences solides.

Sony l’a bien compris, et le seul à la traîne aujourd’hui reste Microsoft qui n’arrive pas justement à proposer une licence qui traversera les générations de consoles.

Légende : Mario, Luigi et Yoshi font tous partie de la licence légendaire Mario Bros

L’ère de l’adaptation et du remake

Pourtant, de nos jours, hormis chez quelques studios indépendants, la mode est à l’imitation plus que la création. Les jeux Assassin’s Creed, autrefois excellente licence, ont déjà fait de nombreux faux-pas et hormis le contexte, rien ne change vraiment. Pire, beaucoup de joueurs n’ont jamais retrouvé la magie des premiers opus et le charisme d’un Altaïr ou d’un Ezio qui se sont directement imposés comme des personnages emblématiques du jeu vidéo. Chez Nintendo, l’expérience et l’exigence permettent un nouvel émerveillement à chaque fois. Le meilleur exemple reste les Zelda, qui n’ont jamais déçu au travers du temps.

Et si Nintendo propose un remake d’un Zelda Skyward Sword, les fans savent qu’un nouveau jeu est en préparation.

Face à cet enjeu de créer une licence qui se vend comme des petits pains, les studios ne se font aucun cadeau.

Dominer le marché à tout prix

Quand une nouvelle licence est développée, on sait toujours très peu de choses. Si les développeurs sont si secrets avec les petits bijoux qu’ils préparent, c’est bien pour cacher leurs avancées à la concurrence tout en augmentant l’attente du jeu chez le public. On se souvient de ce mythique tweet de Rockstar Games qui, avec un simple fond rouge et leur logo, avait provoqué un buzz monumental.

À la manière d’une partie de cartes, il faut cacher les mains de poker de la curiosité des autres joueurs, ici les développeurs, si l’on veut remporter la mise une fois les jeux dévoilés. Sans parler d’espionnage, on sait que les titres qui font la différence sont ceux qui innovent.

Gardons donc l’exemple de Rockstar Games. Les GTA et Red Dead Redemption sont leurs licences phares. Combien aujourd’hui peut-on compter de GTA-like et autre imitation de ce concept de monde ouvert en ville ? Des dizaines ! Watch Dogs, Sleeping Dogs, Saint Row, Just Cause, autant de jeux directement inspirés de la licence du studio américain.

Et pourtant ? Combien se sont vendus ne serait-ce qu’aussi bien que le moins vendu des opus de Rockstar Games ? Aucun ! Car au-delà du simple gameplay et des performances graphiques, la construction d’une licence se doit de passer au travers d’un chef-d’œuvre d’une expérience qui marque.

Légende : Fortnite a eu un succès phénoménal, surtout auprès des jeunes joueurs

Le règne des indépendants ? 

À ce petit jeu, il semble que les studios indépendants sont plus à même de prendre des risques afin de créer de la nouveauté. Un peu paradoxale quand on sait les centaines de millions que rapportent les jeux aux gros studios. EA Sports sort ainsi un FIFA chaque année. Quelques petites « améliorations » et puis c’est tout.

Il semble donc que certains mastodontes soient bien installés au fond de leur fauteuil, ne voulant pas déranger la routine annuelle. Sans prise de risque, cependant, pas de grands jeux. Qui peut citer le dernier chef d’œuvre d’EA ? Personne, car cela fait bien longtemps qu’il n’y en a plus.

La création est le socle du jeu vidéo, qui est un art. Sans l’innovation artistique pour accompagner l’évolution technologique, le jeu vidéo perdra de sa magie. Heureusement, le marché est tellement grand que certains studios, même petits, feront toujours l’effort de produire quelque chose de beau et bien. Et puis c’est aux consommateurs de choisir. Manger des plats préparés maison ? Ou de la grande distribution en fast-food. Finalement, le choix nous appartient.