« Si vous êtes un chef, peu importe à quel point vous êtes bon, il n’est pas bon de cuisiner pour vous ; la joie est de cuisiner pour les autres ».
Cette citation du leader des Black Eyed Peas, will.i.am, concerne en fait davantage la création musicale et son lien avec la cuisine. Il fait cependant un commentaire sournois sur les arts culinaires : c’est quelque chose de mieux partagé, et donc l’un des cadeaux les plus intimes que l’on puisse offrir.
Dans Délicieux, le nouveau film du scénariste/réalisateur français Éric Besnard (peut-être le plus remarquable aux États-Unis en tant que scénariste de le transporteur, refait l’année dernière comme Colère de l’homme), cette passion est au centre de la carrière naissante du chef Pierre Manceron (Gadebois). En tant que chef personnel du duc de Chamfort (Lavernhe) au XVIIIe siècle, Manceron a du talent, mais il est dans une situation délicate avec ses supérieurs qui finissent par craquer lorsqu’il désobéit à nouveau aux ordres de cuisiner hors du menu. Alors qu’elle se moquait littéralement de son poste de retour à la campagne, elle rencontre Louise errante (Carré) qui insiste pour être prise en charge comme apprentie. Alors qu’ils révèlent tous les deux leurs griefs contre le duc, les deux prévoient tranquillement de se racheter alors qu’ils commencent à développer quelque chose de révolutionnaire : le premier restaurant français de l’histoire.
Peut-être pas surprenant étant donné le thème, c’est un ajout digne à un sous-genre de films qui a toujours besoin d’ajouts de qualité – de bons films culinaires. Il y a une tendresse apaisante et chaleureuse à regarder Manceron et Louise se rapprocher alors qu’ils se lient dans leur cuisine, un acte qui alimente les courants politiques et émotionnels de l’intrigue. Manceron n’est pas prompt à adopter les principes désormais familiers d’être un restaurateur, toujours coincé dans un modèle à l’ancienne de cuisine pour ses supérieurs plutôt que de cuisiner pour lui-même et pour les autres. A l’autre extrémité de la dichotomie, le duc voit dans les repas soigneusement préparés quelque chose que seule l’élite peut apprécier et que la paysannerie ne mérite pas. Il s’agit d’un film sur la recherche de votre vocation, la sortie du passé et, plus précisément, la démocratisation d’une nourriture correcte et bien préparée alors que vous transcendez l’aristocratie passée à la classe ouvrière.
Les thèmes réfléchis du script aident à soulever un film qui n’est jamais aussi captivant qu’il devrait l’être. Bien que sa qualité apaisante soit plus une caractéristique qu’une erreur, il manque un réel enjeu émotionnel ou une progression particulièrement convaincante. Cela dit, il regorge d’une production et d’une conception de costumes merveilleuses, ainsi que de nombreuses images fixes soigneusement composées par le directeur de la photographie Jean-Marie Dreujou. Cela ressemble à un vrai drame d’époque et a un esprit amusant, même s’il a du mal à garder les choses totalement intéressantes. Il ne contient peut-être pas la grandeur estimée d’un repas de cinq plats dans un restaurant étoilé au guide Michelin, mais il offre la nourriture fade d’un dîner soigneusement préparé à partager avec un être cher.