Le produit intérieur brut recule de 13,8% au deuxième trimestre 2020 en raison de l’enfermement qui a conduit les Français à épargner lourdement, au détriment d’une consommation qui peine à bien démarrer malgré les messages optimistes du gouvernement.
L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a confirmé vendredi cet effondrement sans précédent depuis 1949, date à laquelle il a commencé à mesurer l’activité économique française sur une base trimestrielle.
Même après l’effondrement de Lehman Brothers en 2008-2009 ou la grève générale de mai 1968, le déclin n’avait pas été aussi brutal. Après une baisse de 5,9% du PIB entre janvier et mars, la France est entrée officiellement en récession à la fin du premier semestre.
Porté par le tourisme et l’aéronautique
Du fait de son confinement plus strict et de la spécialisation sectorielle de l’économie autour du tourisme et de l’aéronautique, la France fait moins bien que la zone euro dans son ensemble (-12,1%) et fortiori qu’en Allemagne, où la baisse du PIB est limitée à 10,1%. Mais l’Espagne a subi une baisse de 18,5% et le Royaume-Uni de 20,4%.
Si la levée progressive des restrictions signifiait «une reprise progressive de l’activité économique en mai puis en juin, après le minimum atteint en avril», le trimestre porte les cicatrices de l’obligation de rester des Français. à la maison: les dépenses de consommation ont baissé de 11,5%.
Après avoir sauté du confinement (+ 35,5% en mai et + 10,3% en juin), les achats des ménages se sont stabilisés en juillet (+ 0,5%), avec une prime de consommation de carburant en hausse fortement, au détriment des dépenses d’habillement et de textile, qui progressent plus lentement.
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La consommation des ménages est ainsi «presque» revenue à son niveau de novembre 2019, selon l’INSEE, mais «nous n’avons pas eu de véritable reprise, dans le sens où nous continuons d’accumuler des pertes», selon Mathieu Plane, directeur adjoint . du service d’analyse et de prévision de l’OFCE. Par conséquent, «on ne peut pas parler d’une reprise, mais d’un simple rebond» d’activité.
Cette réticence à dépenser, bien que les revenus aient été préservés grâce à des mesures à court terme, se mesure à la hausse de l’épargne, dont le taux a augmenté de 12 points à 27,4% au deuxième trimestre. D’ici la fin de l’année, les Français auraient dû réserver près de 100 milliards d’euros, «l’épargne Covid» qui s’élevait déjà à 80 milliards fin juillet, selon la Banque de France.
“Économies préventives”
“Ce sont des économies préventives qui sont liées à la méfiance et à la peur”, a commenté le président Emmanuel Macron devant l’association de presse présidentielle à Paris.
Le plan de relance de 100 milliards d’euros, dont le contenu sera rendu public jeudi, “devra remettre dans la boucle cette épargne excessive en rassurant l’emploi”, juge le juge Philippe Waechter, chef économiste chez Ostrum Asset Management.
Cette semaine, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a confirmé la prévision du gouvernement d’une contraction du PIB de 11% cette année, tandis que l’Insee table sur -9%. Cette prudence s’explique notamment par «un grand nombre d’incertitudes internationales», a-t-il justifié, citant le Brexit, les élections présidentielles américaines et le futur plan quinquennal chinois.
À plus long terme, le PIB ne devrait pas retrouver son niveau d’avant la crise avant 2022, où le gouvernement s’attend à une croissance de 1,4%.
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