Le «Conseil national des imams» tant attendu par Emmanuel Macron n’est pas près de voir le jour. Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, a annoncé lundi qu’il se retirait du projet recherché par l’Elysée et orchestré par le Conseil français du culte musulman (CFCM). Ce projet, annoncé le 2 octobre par le président de la République lors son discours contre “Séparatisme” aux Mureaux, dans les Yvelines, vise à certifier la formation des aimants et rompez vos liens avec des influences étrangères. “J’ai décidé […] cesser de participer aux réunions visant à mettre en œuvre le projet du Conseil national des imams et geler tous les contacts avec l’ensemble de la composante islamiste du CFCM “, A écrit Chems-Eddine Hafiz dans un communiqué de presse, précisant qu’il s’agit d’une décision “irrévocable”.

Tensions autour de la «lettre de valeurs»

La raison de votre colère? La «lettre de valeurs», demandée le 18 novembre par Emmanuel Macron au CFCM. L’association dont la vocation est de représenter les musulmans de France a été chargée de rédiger un texte, “Dans deux semaines”, réaffirmant son adhésion aux principes républicains. Le texte devait être approuvé dans ses neuf composantes, dont la Grande Mosquée de Paris, qui est liée à l’Algérie. Six semaines plus tard, aucun statut n’a encore été publié. Pour Chems-Eddine Hafiz, le “Composante islamiste au sein du CFCM, notamment celle liée aux régimes étrangers hostiles à la France”, aurait “Il a bloqué insidieusement les négociations en remettant presque systématiquement en question certains passages importants”. Selon le JDD, Trois fédérations auraient appelé à la suppression d’un passage qui fait la distinction entre «islam» et «islam politique»: Faith and Practice, un courant de tabligh prosélytiste et fondamentaliste, les musulmans de France et la CIMG, qui promeut un islam nationaliste turc. Ensemble, ils ont refusé de laisser le texte condamner “Le wahhabisme, le salafisme et la doctrine des Frères musulmans”.

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“Je crois que la représentation des musulmans mérite plus que des tactiques retardatrices et des actions douteuses entourées d’actions qui cherchent à diviser la communauté nationale et à séparer les Français de confession musulmane de la société.”, dénonce Chems-Eddine Hafiz, qui voit “Manipulation médiatique” visant à “Déshonorer l’honneur” Les musulmans.

Révéler les tensions

Pour Haoues Seniguer, spécialiste des relations entre islam et politique et professeur de sciences politiques à Sciences Po Lyon, la décision de la Grande Mosquée de Paris est révélatrice des tensions qui ont miné le CFCM presque depuis sa création en 2003 par Nicolas Sarkozy. “La Grande Mosquée de Paris reprend ce projet du Conseil des Imams pour affirmer son leadership et trouver une justification supplémentaire aux différences qui la séparent du CFCM et le discréditent”, analyse le chercheur, qui voit en lui une volonté déclarée de Chems-Eddine Hafiz de“Il apparaît comme le bon élève qui respecte la parole présidentielle et dénonce ceux qui vont à l’encontre du pouvoir.”

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Une chose est certaine: la suppression de la Grande Mosquée risque de retarder considérablement la mise en œuvre du projet, anticipe Haoues Seniguer. “Ce conseil d’aimants n’était plus très précieux, il le sera encore moins aujourd’hui.”


Juliette Delage