La répression continue. Un militant du mouvement de contestation anti-pouvoir en Algérie, Yacine Mebarki, a été condamné jeudi à 10 ans de prison pour “incitation à l’athéisme” et “insulte à l’islam”.

Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), a déclaré à l’AFP que M. Mebarki avait été condamné “à dix ans de prison et à dix millions de dinars d’amende (66.000 euros)” pour Cour de Khenchela (est).

Cette nouvelle condamnation s’inscrit dans une vague de répression contre les militants de contestation quotidiens ou «Hirak», les opposants politiques, les journalistes et les blogueurs. M. Salhi s’est dit “choqué par la lourdeur du verdict contre un citoyen qui n’a exprimé son opinion que sur les réseaux sociaux”.

Une peine plus lourde que les réquisitions

C’est la peine la plus sévère infligée à un militant «Hirak» depuis le début en février 2019 du soulèvement populaire pacifique pour exiger un «changement de système» en Algérie. Ce mouvement est né d’une immense marre des Algériens qui réclament un changement profond du «système» en vigueur depuis 1962. Jusqu’à présent, en vain, bien qu’ils aient fait pression en avril 2019 pour le départ du président Abdelaziz Bouteflika après 20 ans au pouvoir.

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Le parquet avait exigé mardi huit ans de prison. Il est rare qu’un juge prononce une peine plus élevée que celle réclamée par l’accusation. L’accusé, qui clame son innocence, a décidé de faire appel, a déclaré Salhi, exigeant sa libération, l’annulation du procès et l’abandon de l’accusation.

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Yacine Mebarki a notamment été poursuivi pour “incitation à l’athéisme” et “délit ou dénigrement de dogmes ou de préceptes de l’islam”, a-t-il ajouté sans préciser de quoi exactement le militant était accusé. L’athéisme est sévèrement condamné dans le monde musulman.

70 personnes arrêtées pour des événements liés à la manifestation

Très impliqué localement dans le “Hirak” et militant berbère, M. Mebarki, 52 ans, a été arrêté le 30 septembre après une perquisition à son domicile. Selon un ami du condamné, contacté par téléphone par l’AFP et qui était présent au tribunal, les policiers ont retrouvé chez lui une copie jaunâtre du Coran de son grand-père, «dont une page était déchirée» en raison de l’âge du travail. Arracher une page du livre sacré est considéré comme une attaque contre l’islam.

Dans un communiqué, la LADDH “rappelle les garanties contenues dans les législations nationales, notamment la Constitution et les conventions internationales ratifiées par l’Algérie, en matière de respect de la liberté de conscience et d’opinion”.

Actuellement, quelque 70 personnes sont incarcérées en Algérie pour des événements liés à la manifestation, la plupart pour des publications sur Facebook, selon le CNLD.