CRISE SANITAIRE – Longtemps reconnus comme de bons étudiants dans la lutte contre l’épidémie, plusieurs pays d’Europe et d’Asie font désormais face à une deuxième vague d’ampleur. C’est le cas de l’Allemagne, de la Corée du Sud et de la Suède, qui opère un virage dans leur stratégie atypique.
– Idèr Nabili, avec l’AFP
C’étaient les modèles de gestion de crise. Pays que le reste du monde suivrait au printemps. Mais ces dernières semaines, eux aussi ont connu une épidémie dévastatrice, les poussant à imposer des restrictions. Allemagne, Suède ou encore Corée du Sud, ces trois pays avaient géré la première vague avec moins de conséquences qu’autour d’eux. Ce n’est pas le cas.
Cependant, la Corée du Sud espérait avoir éradiqué le virus de son territoire. Grâce à une puissante stratégie de suivi et de dépistage des cas de contact, associée à un large respect de la distance physique, le pays asiatique estime avoir atteint la fin de l’épidémie, sans même imposer de confinement.
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Mais ces derniers jours, la situation se dégrade. À la fin de la semaine dernière, plus de 1 000 cas ont été identifiés quotidiennement. Un chiffre bien inférieur à ceux enregistrés en Europe – plus de 18 000 jeudi en France – mais qui inquiète les autorités locales. C’est en fait le record de contamination depuis le début de la pandémie en Corée du Sud. Le président Moon Jae-in a même dû s’excuser pour les difficultés rencontrées dans cette nouvelle vague. “Le gouvernement a changé sa politique en octobre” faciliter les restrictions, expliqué à Gardien Eom Joong-sik, spécialiste des maladies infectieuses dans une université sud-coréenne. “Cela a permis au virus de se propager dans les communautés locales et a augmenté ses chances de se propager à une zone encore plus large.”
Le pays prend désormais des mesures similaires à celles imposées dans le monde entier depuis près d’un an: les événements ne peuvent accueillir que plus de 50 personnes, les cafés ne peuvent servir que des boissons à emporter et les restaurants doivent fermer à 21 heures.
Registres de pollution et de décès en Allemagne
En Europe, certains pays connaissent une situation un peu plus encourageante. L’Allemagne est également confrontée à une seconde vague puissante et persistante. Au printemps, le gouvernement d’Angela Merkel a rapidement réussi à contenir l’épidémie. Une campagne massive de tests – 500 000 par semaine alors que la France n’en comptait que 140 000 – un grand respect des mesures sanitaires et des décisions les plus appropriées selon les régions (Länder) avait permis de limiter significativement le nombre de cas.
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Ce n’est pas le cas avec cette seconde vague. Cette fois, la coordination des Länder a été mise à mal, dans un climat social où les protestations contre les taxes et les masques ont atteint de nouveaux sommets. La chancelière Angela Merkel avait mis en garde en octobre contre la reprise de l’épidémie, mais avait constaté la réticence des régions à agir. Michael Kretschmer, directeur général de Saxe, a répondu à la mi-octobre “pas d’hystérie, s’il vous plaît” avant les premiers signes d’un rebond épidémique. Or, la Saxe, dans l’est du pays, a un taux d’incidence deux fois supérieur à la moyenne nationale.
Mais dans tout le pays, la situation est plus sombre qu’au printemps. Jeudi 17 décembre, l’Allemagne a battu son nouveau record de contaminations en 24 heures (plus de 30 000), ainsi que le nombre de morts (950). Et la situation dans les hôpitaux est préoccupante, avec un taux d’occupation des lits de réanimation de 83%, selon l’Institut Robert Koch.
La Suède “a échoué” et change de stratégie
Pour sa part, la Suède, à son tour, est sous le feu de la pollution. Le pays a longtemps prôné une stratégie de santé loin des voisins, basée sur des recommandations et non sur le caractère obligatoire. Ainsi, le royaume n’a jamais fermé ses bars, restaurants et boutiques, et a même cru au printemps de la stratégie d’immunité collective, en laissant circuler le virus tant que les plus vulnérables sont protégés. Mais le pays compte désormais près de 8 000 morts, dont 1 900 depuis début novembre. Les hospitalisations atteignent des niveaux records, tout comme le nombre de nouveaux cas, entre 6 000 et 7 000 par jour en moyenne, selon les données officielles.
Des statistiques qui ont même poussé le roi à quitter sa réserve. “Je pense que nous avons échoué, nous avons beaucoup de morts et c’est terrible”Carl XVI Gustaf a déploré (voir la vidéo en haut de cet article). “C’est quelque chose dont nous souffrons tous.”
“La situation, malheureusement, est encore très grave”, Le Premier ministre Stefan Löfven a observé ce vendredi lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il a présenté une nouvelle série de mesures et de recommandations plus strictes. Ainsi, il a annoncé l’introduction de compteurs visiteurs dans les magasins et les gymnases et la limitation des tables à un maximum de quatre personnes dans les restaurants, contre huit jusqu’à présent. Un changement de cap est particulièrement frappant: il recommande pour la première fois de porter le masque dans les transports en commun, surtout aux heures de pointe où la distance est impossible. Jusqu’à présent, le pays n’a recommandé le port de masques nulle part, une position qui est devenue très isolée en Europe et même dans le monde.
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