Au lendemain de l’approbation en première lecture par l’Assemblée d’un texte sanctionnant la diffusion malveillante d’images de la police, ce samedi plusieurs manifestations ont lieu en France pour appeler notamment les syndicats de journalistes. Ils veulent le retrait de ce qu’ils considèrent comme une «atteinte à la liberté d’expression» et à «l’État de droit».

Des mobilisations ont lieu dans une vingtaine de villes, la principale du Trocadéro, à Paris. Dans la place bondée, où nous pouvions voir nombre de gilets jaunes, à l’occasion du deuxième anniversaire du mouvement, des drapeaux de la vague PCF, EELV, FO et NPA, ainsi qu’une bannière d’Extinction Rebellion et une autre de Mediapart: «La démocratie meurt dans les ténèbres». Dans le ciel parisien, des manifestants ont repéré un drone.

En fin d’après-midi, la situation commençait à être tendue à Paris entre certains manifestants et la police, selon notre reporter présent sur les lieux, tandis que sur Twitter, la préfecture de police appelait à la dispersion.

“Merci les gendarmes”

Des poubelles ont été incendiées et une dizaine de manifestants ont lancé des projectiles sur les forces de sécurité qui ont riposté en utilisant des canons à eau à plusieurs reprises.

En début d’après-midi, une centaine de manifestants restants ont été encerclés par la police devant la place, en contrebas du musée maritime. Un face-à-face tranquille a continué pendant plusieurs minutes, quand on lui a de nouveau demandé de se disperser.

En début d'après-midi, les manifestants sont poussés à l'avant de la place, du côté du musée de la Marine / LP / Arnaud Dumontier.
En début d’après-midi, les manifestants sont poussés à l’avant de la place, du côté du musée de la Marine / LP / Arnaud Dumontier.

«Enlevez vos casques et nous partons», entendit-il la foule crier. Et dans un moment incroyable, devant les manifestants, les gendarmes ont enlevé leurs casques et mis leurs casquettes. «Merci gendarmes», a crié la foule, dont une partie applaudissait, tandis que les policiers, stationnés un peu plus loin, rangeaient leurs casques.

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Vers 19 heures, les manifestants ont été tranquillement poussés vers l’entrée du métro et les journalistes ont été encerclés par la police. Selon un premier rapport, 23 personnes ont été arrêtées et un policier a été légèrement blessé par un projectile.

A Lille, un millier de manifestants se sont rassemblés samedi matin pour le projet de loi «Global Security», criant «Pas même un drone», «Orwell avait raison et« Blur of gueule ».

Plus d’un millier de personnes se trouvaient également dans les rues de Rennes, avec des pancartes “Déposez vos armes, nous posons les téléphones”, “La caméra n’a jamais tué personne”, “Sécurité mondiale, impunité totale”. Un millier de personnes ont également défilé à Montpellier.

L’article 24 au centre des préoccupations

Dans le même temps, une conférence de presse a été organisée au siège de la Ligue des droits de l’homme, en présence d’Amnesty International, de représentants des syndicats de journalistes et d’un responsable d’un syndicat de police minoritaire, la CGT-Intérieur. .

L’Assemblée nationale a voté vendredi soir, après l’avoir modifiée, la mesure la plus controversée du projet de loi «Sécurité globale»: l’article 24 sanctionne la diffusion malveillante de l’image de la police, avec des garanties gouvernementales sur le «droit à la rapport”.

Il sanctionne un an de prison ferme et une amende de 45 000 euros pour la diffusion de «l’image du visage ou de tout autre élément d’identification» des policiers en intervention lorsque «cela menace» leur «intégrité». physique ou mental ». Les campagnes sur les réseaux sociaux sont dans la mire du gouvernement.

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Un “lent déclin de l’état de droit”

Cet article, mais aussi l’utilisation possible de drones et la peur de la reconnaissance faciale par les caméras de surveillance, se déchaînent émotion intense dans les médias. Une préoccupation transmise à l’Assemblée nationale à gauche de l’hémicycle, notamment par La France insoumise (LFI).

“Nous sommes préoccupés par le lent déclin de l’état de droit, qui semble conduire à un état policier”, a déclaré Arie Alimi, membre du bureau national de la Ligue des droits de l’homme.

Dans le Figaro, Sylvain Maillard, député LREM pour Paris, a tenté de calmer la colère: «Le texte n’est pas bien compris. On peut évidemment continuer à filmer n’importe qui et bien sûr la police. “

Les syndicats de journalistes affirment qu’il n’y a pas besoin d’une nouvelle loi “pour effrayer les gens”, alors que le Code pénal et la loi sur la liberté de la presse de 1881 punissent déjà les délits d’incitation. haine.

Une loi de «contrôle social» pour les syndicats de journalistes

“On a l’impression que les policiers sont insouciants et qu’ils font ce qu’ils veulent où ils veulent”, a déclaré Dominique Pradalié du SNJ. Pour Pablo Aiquel de la SNJ-CGT, Emmanuel Macron “est un populiste col blanc”. “Comment allons-nous demander à la Pologne et à la Hongrie de respecter l’état de droit alors qu’en France nous faisons tout ce que nous pouvons pour le saper?”, A-t-il demandé.

Le secrétaire général de la CGT-Intérieur, Anthony Caillé s’est joint aux journalistes pour réclamer “le retrait total” de cette loi de “contrôle social” et a dénoncé l’état de la police.

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Le ministre Gérald Darmanin, a-t-il observé, «oublie de dire qu’en vingt ans nous avons supprimé 35 000 postes dans la police nationale», a-t-il déclaré, déplorant qu’il n’y ait pas eu en amont «d’étude d’impact» sur les effets de la proposition.