C’est le parcours de Dorine Bourneton raconté par le téléfilm émouvant Au dessus des nuages diffusé sur TF1 ce lundi 9 novembre. Premier pilote acrobatique paraplégique, il se révèle à travers l’interview qu’il a accordée à Télé-Loisirs.
Dorine Bourneton a raconté son histoire en tant que premier pilote de cascade paraplégique dans le livre Au dessus des nuages qui porte TF1 à l’écran ce lundi 9 novembre à partir de 21h05. Alice Taglioni, qui a récemment parlé de son rôle de mère, glissé dans votre peau pendant le téléfilm.
Télé-Loisirs: Comment est née votre passion pour l’aviation?
Dorine Bourneton : De mon père, qui est lui-même passionné et qui m’a transmis son virus. Il a commencé à prendre des cours quand j’avais huit ou neuf ans et je suis monté à l’arrière de l’avion avec lui. J’ai toujours rêvé de vivre une vie d’aventure et j’ai pensé que l’avion serait le meilleur moyen d’y parvenir.
À 16 ans, vous avez subi un grave accident d’avion qui vous a laissé paraplégique. Cela n’a-t-il pas changé votre passion?
Elle ne m’a jamais quitté. Les histoires des pionniers de l’aviation m’ont beaucoup inspiré pour devenir pilote. Cependant, ils volaient tous sur des machines pas forcément très fiables, sans instruments de navigation. Et ils ont eu plusieurs accidents. Cela ne les a jamais empêchés d’accepter des commandes en souffrance. Je voulais être comme eux et vivre comme eux une vie pleine d’aventures, de rebondissements.
Quelle a été la réaction de vos proches lorsque vous leur avez dit que vous aviez l’intention de continuer à conduire de toute façon?
Comme il est également passionné, mon père était ravi. Pour lui, l’échec n’était pas de tomber mais de rester là où était la chute. Le seul doute était qu’à ce moment-là vous ne saviez pas si c’était possible car, en principe, vous avez besoin de vos jambes pour conduire. Il fallait trouver des solutions. Quant à ma mère, elle a réagi exactement comme Fanny Cottençon (qui a raconté son premier baiser) qui l’incarne dans le téléfilm: elle était terrifiée à l’idée d’avoir un autre accident.
Aviez-vous des appréhensions avant de remonter dans l’avion?
Clair! Mais ma chance dans l’histoire était que j’avais déjà commencé à suivre des cours. Je savais déjà tout ce que j’allais apprendre de cet apprentissage du pilotage d’un avion. L’aviation est quelque chose qui vous rend humble, vous vous remettez en question à chaque fois que vous atterrissez. Je savais aussi qu’il serait bénéfique pour moi de continuer à voler. Cela me permettrait non seulement d’oublier mon handicap, mais aussi de me reconstruire en tant que femme, en tant que pilote, en tant que pilote. Lorsque vous êtes debout, le handicap reste au sol!
Les médecins ont-ils essayé de vous décourager?
Pendant ma cure de désintoxication, certains m’ont dit: “c’est impossible parce que vous avez besoin de vos jambes pour piloter un avion”. Dans un petit coin de ma tête, je me suis dit: eux, dans l’aviation, ne savent rien de rien. J’ai pensé que nous pourrions trouver des solutions techniques en adaptant les avions à commande manuelle. Dans un magazine, j’ai découvert que des personnes handicapées volaient à Toulouse. J’ai pris contact avec une association qui m’a accueilli à bras ouverts. J’ai dû passer le permis de conduire pour m’y rendre. Et c’est là que j’ai commencé à découvrir que, même s’il ne volait pas encore, c’était déjà une première porte, la suivante serait le brevet. Derrière chaque impossible, il y avait une liberté. Souvent, lorsque vous avez un objectif, vous devez non seulement voir le sommet, mais vous devez y aller étape par étape.
N’avez-vous jamais rencontré d’obstacles?
Devenir pilote professionnel, oui. Là, je me suis senti vraiment humilié. Heureusement, j’ai pu rencontrer des gens qui m’ont vraiment soutenu, qui parlaient couramment le langage politique. Sans eux, j’aurais jeté l’éponge car j’étais face à un mur. Ils m’ont dit: une personne handicapée ne sera jamais pilote professionnel, cela nuirait à l’image de notre profession. Quand tu as 23 ou 24 ans tu es en fauteuil roulant, tu as eu un accident d’avion, tu n’es que toi-même, avec ta sincérité, ton envie, ta passion, tu es complètement sans défense devant les gens. qui ont de l’autorité et qui vous parlent comme ça.
Comment êtes-vous devenu pilote de voltige?
C’est venu plus tard. La voltige posait plusieurs problèmes, non seulement c’est un environnement élitiste mais aussi, il était nécessaire de pouvoir équiper un avion destiné à la voltige avec des commandes de pilotage manuel, qui n’existaient pas. Nous avons dû inventer. Enfin, il y avait un problème médical. En voltige, nous subissons de telles accélérations que nous courons le risque de nous évanouir. Pour éviter cela, le pilote doit contracter ses muscles, y compris ceux des jambes. On n’a plus ça quand on est paraplégique et le risque d’évanouissement est donc plus grand. En fait, à force de s’entraîner, notre corps s’y habitue et, petit à petit, nous devenons aussi résistants qu’un pilote valide.