Pertes et avantages. Après l’eau, le gaz. Dès la cession de sa participation dans Suez Environnement à Veolia, le groupe Engie a rencontré un nouveau problème de frictions avec le gouvernement. Bien qu’il négocie depuis plusieurs mois un contrat géant pour la livraison de gaz de schiste américain, le ministère de l’Économie a exprimé, selon plusieurs sources, sa désapprobation. A juste titre, le groupe a reconnu, selon Reuters, jeudi 22 octobre, que le conseil d’administration avait accepté “Que ce projet nécessite une étude plus approfondie”. Il faut dire que, deux semaines après s’être opposé à l’Etat dans la vente de ses parts dans Suez, il était difficile d’ouvrir un nouveau front.
Ce contrat n’est pas anodin. Négocié avec la société texane NextDecade, il porte sur un montant de 7 milliards de dollars (5,9 milliards d’euros) et conditionne la construction d’un gigantesque terminal méthanier appelé «Rio Grande LNG». Ce n’est pas la première fois que les pouvoirs publics abordent cette question. En 2016, la ministre de l’Énergie et de l’Écologie de l’époque, Ségolène Royal, s’est opposée sans succès aux contrats d’importation de gaz de schiste signés par EDF et Engie.
Un argument de plus dans les litiges commerciaux
En cause, les fuites de méthane causées par le processus de production. Selon l’ONG américaine Environmental Defence Fund, ils seraient beaucoup plus élevés que les données officielles des producteurs et, dans le plus grand champ américain, le bassin permien, qui couvre le Texas et le Nouveau-Mexique, représente la consommation annuelle de gaz. de Dallas et Houston, les deux grandes villes du Texas. Cependant, le méthane est 80 fois plus puissant pour l’effet de serre que le CO.deux. Pour cette raison, en France, l’ONG Les Amis de la Terre suit la problématique comme le lait en feu, et en particulier Engie. On l’entend jusqu’à Bercy. L’Etat s’est engagé dans une trajectoire climatique ambitieuse et cherche à «verdir» son image. D’autant que les combats douaniers avec les Etats-Unis ne lui plaisent pas.
Voici donc un contrat de gaz qui sent le soufre et qui pourrait aussi bien prendre de l’eau. Cela soulève évidemment une inquiétude à court terme pour Engie, mais cela remet également en cause son positionnement entre gaz et renouvelables. Longtemps considéré comme le combustible fossile le plus propre et un bon substitut temporaire du charbon, le gaz naturel peine toujours à obtenir son brevet de respectabilité verte. Ceci complique, au moins en termes de communication, la tâche de Total et Engie, qui ont basé leur future stratégie sur la combinaison du gaz et de l’électricité renouvelable.
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