L’usine de pneus compte 853 employés. La brutalité de l’annonce a été dénoncée dans un communiqué conjoint du gouvernement et de la Région.

“C’est quelque chose qu’ils ont en tête depuis un moment. Ils nous ont menti comme les cyniques qu’ils sont, les dirigeants de Bridgestone.”Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, a réagi mercredi 16 septembre sur franceinfo après l’annonce du projet de fermeture de l’usine de pneus de Béthune dans le Pas-de-Calais. L’usine du groupe japonais, ouverte en 1961, emploie 853 personnes. Le gouvernement et la région des Hauts-de-France dénoncent la brutalité de cette annonce, dans un communiqué conjoint et demandent que des scénarios alternatifs à la fermeture soient étudiés.

franceinfo: Vous parlez de meurtre. Pourquoi utilisez-vous ce mot?

Xavier Bertrand: En novembre 2019, j’ai alerté le gouvernement qu’il avait accepté de convoquer les dirigeants de Bridgestone. Il nous a dit en face à face: «Vous savez, le marché n’est franchement pas très bon, mais à court et moyen terme, vous n’avez rien à craindre pour l’usine de Béthune. Ils nous ont clairement menti. Cette annonce brutale ne peut pas du tout être attribuée à la crise sanitaire que nous traversons. Honnêtement c’est ça flûte. Leur véritable thème est qu’ils sont en surproduction et qu’ils ont décidé de fermer, d’assassiner l’usine de Béthune. Sauf que je pense que ça ne se passera pas aussi facilement qu’ils le pensent.

Qu’est ce que tu vas faire ?

Nous sommes parvenus à un accord avec le gouvernement et avec les élus locaux. Nous vous dirons ceci: «De toute évidence, vous avez d’autres options que de fermer ce site. Vous devez avoir un autre plan industriel. Investissez dans ce site et dans ce cas la Région et l’Etat le financeront avec vous. Vous n’avez pas encore tenu compte de nos propositions, mais gardez-les à l’esprit. Allons-nous traiter avec des fabricants qui comprennent ce langage? Répondez dans les prochains jours. S’ils ne sont que des financiers, ils devront savoir compter. Dans ce cas, s’ils décident de fermer ce site, c’est la loi française. Nous ne sommes pas aux États-Unis, où nous jetons les gens comme des mouchoirs. Cela prendra des années et cela vous coûtera cher.

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Le groupe évoque des problèmes structurels de marché. Pensez-vous qu’ils discuteront autour d’une table?

Tout est pipe. Le problème est que les pneus continuent de se vendre. Sauf que Bridgestone à Béthune, depuis des années, continue de fabriquer des petits pneus pour de très petites voitures. Il n’y aura pas de marché, il n’y aura pas de sorties. Que faire? Il produit des pneus plus gros. 16 pouces, 17 pouces, 18 pouces qui coûte plus cher et qui permet justement d’avoir de vraies marges. Sauf qu’ils ne voulaient pas investir pour le faire. Ils ont décidé de le faire ailleurs. Je serai très clair à ce sujet. Ce que nous disons aux dirigeants de Bridgestone, c’est: s’ils décident de tout fermer, ce sera une lutte, des années de paperasse. Vous êtes venu en France pour la qualité du travail car il y avait aussi une aide importante qui a été donnée et nous ne partons pas comme ça. Mais si vous investissez, regardez, cela vous coûte beaucoup moins cher et c’est un choix plus intelligent.

L’État est-il impuissant?

Non, car maintenant nous devons insister pour une confrontation avec les dirigeants. J’ai vu différents fichiers où ils m’ont dit qu’il était cassé. Spécialement le fichier Ascoval. Nous nous battons tous ensemble. Nous mettons la politique de côté et aujourd’hui Ascoval est une entreprise en rotation. Il y a des entreprises dans lesquelles nous n’en avons pas fait assez avec les gestionnaires, comme Whirlpool. Et ils sont partis. Il faut amener ces gens, s’ils sont industriels, à voir leurs intérêts industriels et si ce ne sont que les financiers qui ont une calculatrice au lieu de leur cœur pour faire leurs comptes et leur montrer que cela va leur coûter cher. plus cher.

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En tant que président régional, qu’allez-vous faire?

Mon travail, en tant que président de la région, est de pousser le plus possible. Et si ça marche, c’est pour investir. Et si cela ne fonctionne pas, j’aurai la responsabilité de ne pas décevoir les employés et de chercher des solutions pour eux individuellement. Et encore une fois, mon travail n’est pas seulement de parler, ce n’est pas seulement de m’indigner, c’est de trouver des solutions. Nous avons une usine qui ouvrira en 2023, à 22 minutes. Il s’agit d’une usine de batteries soutenue par le groupe PSA et Total. Il y aura 2 000 emplois. Je préférerais que ces emplois soient occupés par des employés qui trouvent un emploi ou par des jeunes qui abandonnent leur formation. Mais cela peut aussi être une solution pour les employés qui ne seront plus sur les pneus.

Une alliance politique est-elle possible pour faire pression sur tout le monde ensemble?

Pensez-vous que nous allons devenir incontrôlables sur des questions comme celle-ci? Tu me prends pour un malade ou quoi? Le vrai problème, c’est qu’il faut jouer l’intérêt général, l’intérêt national. J’en ai discuté avec le ministre. J’ai même suggéré que nous fassions la table ronde ensemble. Nous travaillons mieux ensemble. Ce n’est pas seulement le président de la République. Il y a le président du département. Tu sais que ? C’est un socialiste. Nous travaillons très bien ensemble. Tout le monde trouve certainement ses petits, ses billes au moment des élections. Mais entre les deux, les gens ne veulent savoir qu’une chose. Allons-nous nous battre pour eux ou pas? Je me bats pour eux.

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