Une mère célibataire bohème fait face à un chagrin de séparation et à des autorités obstructives lorsque son plus jeune fils est placé en famille d’accueil dans les débuts caustiques mais compatissants de Delphine Deloget.

Apparemment déterminée à prouver qu’elle est la ressource précieuse la plus inépuisable du cinéma francophone, Virginie Efira illumine une nouvelle fois l’écran avant de la brûler dans un rôle qui, après « Sibylle » de Justine Triet, « Benedetta » et « Les Enfants » de Paul Verhoeven of Other People” de Rebecca Zlotowski”, est d’un type qu’elle a fini par définir : la femme d’une quarantaine d’années, volontaire et intelligente, qui s’irrite contre les attentes conformistes de sa société. Le premier album de Delphine Deloget, “All to Play For”, présente l’une des incarnations les plus directes d’Efira de ce genre dramatique : moins de rebondissements sournois, pas de clins d’œil espiègles. Mais elle n’en est pas moins fascinante et charmante pour cela, et dans la poigne sûre et douce de Deloget, cela en fait l’une de ses performances les plus engagées, d’autant plus poignante pour son engagement à valoriser le genre de femme rarement traité aussi longuement à l’écran. et compassion. .

La femme est Sylvie, on nous l’a présentée au milieu de son travail dans une discothèque animée de Brest lors d’une nuit typiquement chaotique et moite. Liquides pulvérisés à partir d’une ligne de bière cassée ; une femme s’évanouit au milieu de la foule ; quelqu’un a ramené, puis abandonné, un poulet vivant. Harcelée mais de bonne humeur, Sylvie coupe l’eau, dépose la femme sur un canapé dans la salle verte bondée dans les coulisses, et chasse le poulet derrière elle. Le travail de cette femme rapide et sans fioritures est peut-être celui de serveuse, mais entre servir des boissons et ignorer les flirts des habitués ivres, il est déjà clair qu’elle est également une soignante complète pour l’égalité des chances. C’est le genre de femme qui prendra soin de son frère troublé et sujet aux crises d’épilepsie Hervé (Arieh Worthalter) chaque fois qu’il sera en ville, et gardera un voisin même lorsque cela lui enlève l’occasion d’une sieste bien remplie.

Mais en gardant tant de choses ensemble, quelque chose doit donner. Cette nuit-là, cela se produit lorsque le plus jeune fils de Sylvie, Sofiane (Alexis Tonetti), est momentanément seul à la maison, décide de faire des frites et met le feu à la cuisinière. Son frère adolescent Jean-Jacques (Félix Lefebvre) revient à temps pour emmener Sofiane à l’hôpital dans un caddie pour soigner ses brûlures mineures, alors quand Sylvie arrive en panique, il est plus choqué que blessé. Elle réprimande gentiment Jean-Jacques, un garçon responsable en qui elle a clairement confiance pour prendre le relais parental, pour son retour tardif. Mais pour le moment, dans le ton énervé et sérieux de la comédie que Deloget a donné, sa plus grande préoccupation est la cuisine en ruine et le poêle brûlé qu’il peut déplacer suffisamment pour rentrer désespérément dans la porte.

C’est donc inattendu quand, quelque temps plus tard, après que la cuisine a été peinte, des amis sont passés et que Sylvie a tenté en vain de se débarrasser du poulet que Sofiane avait adopté comme animal de compagnie, les services de protection de l’enfance se présentent à elle. porte. Incarnés par Mlle Henry (India Hair), parfait poignard d’autosatisfaction guindée dans le fourreau d’une bureaucratie impersonnelle, ils font la sourde oreille aux explications de Sylvie et entraînent un Sofiane terrifié, avec la promesse creuse que c’est une mesure temporaire. .

Tout dans le scénario dynamique de Deloget, le charme dur d’Efira, la chimie sans effort excentrique et aimante qu’elle entretient avec ses enfants, et le travail de caméra chaleureux, émouvant et sympathique de Guillaume Schiffman nous disent que nous comprenons à quel point il s’agit d’une parodie de la portée excessive de l’État. Et en tant que Sylvie de plus en plus désespérée fait tout ce qu’elle peut pour devenir la mère et la femme qu’ils veulent qu’elle soit : décrocher un travail louche dans un centre d’appels, endurer des visites limitées et supervisées et assister à un groupe de soutien pour les parents dans des circonstances similaires, tous semblent déjà vaincus par le système, un autre type d’angoisse s’ensuit. Sylvie n’est pas une sainte, mais ses défauts colériques, émoussés et tenaces se forgent dans le même feu intérieur que ses vertus. Et regarder ces flammes s’estomper est un processus déchirant. Quand une scène tardive se termine par un coup de tête soudain et dramatique, même si vous savez que les conséquences seront catastrophiques, c’est en quelque sorte profondément cathartique : Sylvie est toujours en vie quelque part.

Vous pouvez voir ce qu’ils recherchaient lorsqu’ils ont traduit le titre français “Rien à perdre” (littéralement “Nothing to Lose”) en anglais “All to Play For”. Mais “Rien à perdre” capture de beaucoup plus près la frustration pure et exaspérante de la situation de Sylvie et donne beaucoup plus de sens à ses décisions ultérieures. Avec son premier film énergique, perspicace et émouvant, Deloget a fait plus que laisser une carte de visite. Elle a créé, avec sa superbe étoile, un vigoureux exercice d’empathie et un hommage remarquablement émouvant à toutes les mères fortes, capables mais non conventionnelles, qui ne demandent pas grand-chose au monde si ce n’est d’être autorisées à élever leurs enfants comme elles seules le peuvent, avec n’importe quel l’inattention à la lettre de la loi parentale est compensée par une abondance d’amour idiosyncratique.