Le gouvernement suisse a annoncé mercredi qu’il supprimerait les bonus en suspens du conseil d’administration du Credit Suisse suite à l’implosion de la banque et à la prise de contrôle d’urgence par son rival UBS.
Le gouvernement, qui a organisé la fusion, a déclaré que cette décision était due à la “responsabilité” de la haute direction dans le déclin de l’institution vieille de 167 ans.
Berne a également déclaré qu’il réduirait les primes pour les deux prochains niveaux, dans une décision qui affectera quelque 1 000 employés qui seront privés de 50 à 60 millions de francs suisses (55 à 66 millions de dollars).
“Au Credit Suisse, toutes les rémunérations variables restant dues jusqu’à fin 2022 seront annulées pour le plus haut niveau de direction (conseil d’administration)”, a indiqué le gouvernement dans un communiqué.
Il sera réduit de 50 % pour les gestionnaires situés à un niveau inférieur au conseil d’administration et de 25 % pour le niveau inférieur suivant.
“Cette approche différenciée tient compte de la responsabilité des plus hauts dirigeants dans la situation au Credit Suisse”, a déclaré le gouvernement.
“D’ici 2023, toutes les rémunérations variables accumulées grâce à la finalisation de l’acquisition par UBS seront annulées ou réduites pour les trois plus hauts niveaux de direction.”
– 167 ans d’histoire –
Le Credit Suisse était la deuxième banque du pays après UBS et un pilier du paysage bancaire prisé du pays.
Le Credit Suisse a subi une série de scandales ces dernières années et l’effondrement de trois banques américaines au début du mois l’a rendu vulnérable au milieu des craintes de contagion.
Les actions sont tombées en chute libre et, craignant un effondrement qui aurait pu déclencher une crise bancaire mondiale, une prise de contrôle a été organisée à la hâte le 19 mars.
Le gouvernement, les régulateurs financiers FINMA et la Banque nationale suisse (BNS), la banque centrale de la nation alpine, ont forcé UBS à participer à la fusion, avant la réouverture des marchés le 20 mars.
Le gouvernement a déclaré que quelque 49 000 employés du Credit Suisse avaient reçu 2,76 milliards de francs suisses de rémunération variable différée, mais celle-ci valait désormais 635 millions de francs.
“En d’autres termes, tous les employés ont déjà dû supporter une perte totale de plus de 2 milliards de francs suisses en raison de la chute du cours de l’action du Credit Suisse”, a-t-il déclaré.
Le Credit Suisse doit analyser si les obligations déjà payées peuvent être récupérées et faire rapport au ministère des Finances et à la FINMA, a ajouté le gouvernement.
La loi bancaire suisse stipule que le gouvernement doit imposer des mesures liées à la rémunération si une banque d’importance systémique reçoit directement ou indirectement une aide d’État.
Le Credit Suisse a reçu 100 milliards de francs suisses de liquidités fournies par la BNS et 9 milliards de dollars pour se protéger contre toute perte subie par UBS lors de la vente de certains actifs du Credit Suisse.
– Des actionnaires en colère qui pleurent –
Cette décision intervient un jour après que le Credit Suisse a tenu sa dernière assemblée générale annuelle avant la méga-fusion, au cours de laquelle de nombreux actionnaires ont demandé le retour des bonus de gestion.
Le président du Credit Suisse, Axel Lehmann, s’est dit “vraiment désolé” que la banque n’ait pas pu être sauvée car elle faisait face à des actionnaires en colère et en larmes dont l’argent avait disparu.
Plusieurs actionnaires sont montés sur le podium pour attaquer sauvagement le conseil d’administration.
“Assurez-vous que ces personnes avides et incompétentes ne reçoivent aucun paiement en argent, aucun bonus versé et nous devons nous assurer qu’ils remboursent les bonus qu’ils n’ont jamais vraiment gagnés”, a déclaré un actionnaire.
Une actionnaire bernoise a déclaré: “Nous devons arrêter tous les versements de bonus et le retour de l’argent empoché.”
Vincent Kaufmann, directeur de la fondation Ethos, qui représente les fonds de pension en Suisse et détient des participations dans le Credit Suisse, a déclaré qu’il avait appelé à plusieurs reprises au fil des ans à une “réduction drastique de la rémunération variable”.
Il a déclaré à l’AFP que c’était “l’une des raisons pour lesquelles les employés des banques ont pris des risques croissants qui ont trompé les systèmes de contrôle”.
Et l’actionnaire Albert Keel d’ajouter : “Nous savions depuis des décennies que nous avions payé trop d’obligations. La banque s’est vidée.”
rjm/nl/rl
“Solutionneur de problèmes professionnel. Expert de la culture pop hardcore. Écrivain passionné. Fan de café.”