Le gouvernement français est resté ferme dimanche sur une réforme des retraites âprement contestée qui a été adoptée par le parlement sans vote, un jour avant qu’il ne soit confronté à des motions de censure cruciales.

“Il n’y aura pas de majorité pour renverser le gouvernement, mais ce sera le moment de vérité”, a déclaré le ministre des Finances Bruno Le Maire à propos des deux tentatives de renversement du cabinet prévues lundi après-midi.

Les deux motions de censure de lundi ont été présentées par un petit groupe de parlementaires centristes et le Groupe national d’extrême droite.

Bien que le camp du président Emmanuel Macron ne dispose pas de la majorité absolue à la chambre basse de l’Assemblée nationale, c’est le groupe le plus important et toute l’opposition devrait s’unir pour que l’un des votes passe.

Une majorité de législateurs du Parti républicain conservateur ne devrait pas soutenir un vote de défiance.

Le chef républicain Eric Ciotti a écrit dimanche sur Twitter que son bureau de circonscription avait été lapidé du jour au lendemain.

“Les tueurs qui ont fait ça veulent faire pression sur mon vote lundi”, a écrit Ciotti sur Twitter, publiant des images montrant des vitres brisées et des graffitis menaçants.

Il avait précédemment déclaré qu’il “n’ajouterait pas le chaos au chaos” en renversant le gouvernement.

Une autre députée républicaine, Frédérique Meunier, a déclaré à la chaîne de télévision BFM qu’elle avait reçu des centaines de courriels parfois menaçants au sujet de la réforme des retraites.

“C’est de l’intimidation”, a-t-il dit. “Nous avons le sentiment que demain ils vont nous couper la tête.”

– ‘Que nous reste-t-il?’ –

La décision du gouvernement jeudi de recourir à l’article 49.3 de la constitution, qui permet à un projet de loi de passer par le parlement sans vote, a suscité la colère dans les rues après des semaines de manifestations et de grèves pour la plupart pacifiques contre les plans.

La police a fermé samedi la place de la Concorde devant le Parlement à Paris pour des manifestations après deux nuits successives d’affrontements.

Quelque 122 personnes ont été arrêtées lorsque certaines ont incendié des poubelles, détruit des abribus et érigé des barricades de fortune autour d’une manifestation de 4 000 personnes dans la capitale.

Ils constituaient la majorité des 169 arrestations de samedi à travers le pays.

D’autres manifestations dans des villes à travers la France se sont déroulées pacifiquement, avec des centaines de personnes dans la ville portuaire méditerranéenne de Marseille.

« Que nous reste-t-il à part continuer à manifester ? Romain Morizot, ingénieur en télécommunications de 33 ans, a déclaré lors de la manifestation marseillaise, prédire des “tensions sociales” autour de la réforme.

“Il y a un profond mécontentement, il y a une large majorité contre cette loi, et on a un président qui n’arrête pas d’avancer et de changer d’arguments au fur et à mesure”, a déclaré dimanche à BFM Philippe Martinez, dirigeant syndical d’extrême gauche CGT.

“Tant que les 64 ans sont sur la table, il faut continuer” avec les manifestations, a déclaré à la chaîne RTL l’ancien candidat d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon.

Des proches de Macron ont déclaré à l’AFP que le président suivait “bien sûr les événements” sur le terrain.

– Fermeture de raffinerie –

Loin des rues des grandes villes, la CGT a déclaré samedi que les travailleurs fermeraient la plus grande raffinerie de pétrole de France en Normandie, et a averti que deux autres pourraient suivre lundi.

Jusqu’à présent, les grévistes avaient seulement empêché les livraisons de carburant de quitter les raffineries, mais n’avaient pas complètement arrêté les opérations.

L’action syndicale a également interrompu la collecte des ordures dans une grande partie de Paris, avec environ 10 000 tonnes de déchets dans les rues alors que le gouvernement oblige certains éboueurs à reprendre le travail.

Une neuvième journée de grèves et de manifestations plus larges est prévue jeudi.

La réforme de Macron relève l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans et augmente le nombre d’années pendant lesquelles les personnes doivent cotiser au système pour bénéficier d’une retraite à taux plein.

Le gouvernement affirme que les changements sont nécessaires pour éviter des déficits paralysants dans les décennies à venir liés au vieillissement de la population française.

“Ceux d’entre nous qui le peuvent, progressivement, devront travailler plus dur pour financer notre modèle social, qui est l’un des plus généreux au monde”, a déclaré Le Maire.

Mais les opposants disent que la loi impose un fardeau injuste aux personnes à faible revenu, aux femmes et aux personnes occupant des emplois physiquement exigeants, et les sondages ont constamment montré que la majorité s’oppose aux changements.

Un sondage auprès de 2 000 personnes publié dimanche dans le JDD a donné à Macron un taux d’approbation de 28%, le plus bas depuis les manifestations de masse des “gilets jaunes” de 2019 contre une nouvelle taxe sur les carburants.

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