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New-Delhi (AFP) – Alors que Rahul Gandhi parcourait l’Inde lors d’une marche qui, selon les critiques, a rehaussé son image, le rejeton de trois premiers ministres précédents a été suivi jusqu’au bout par la désinformation en ligne.

Pour le Parti du Congrès d’opposition de Gandhi, la principale source de ce déluge de mensonges et de vidéos trafiquées est l’armée bien huilée des médias sociaux du Parti Bharatiya Janata (BJP) au pouvoir du Premier ministre Narendra Modi.

Gandhi, 52 ans, doit terminer sa randonnée de 3 500 kilomètres (2 175 milles) la semaine prochaine, mais la randonnée n’a guère attiré l’attention des grands médias indiens. En ligne, il a été entaché de désinformation.

De fausses allégations ont inclus le fait que le drapeau du Pakistan, grand rival de l’Inde, a été hissé pendant la marche et que les travailleurs du Congrès ont distribué de l’argent pour attirer les participants.

Une vidéo montrait Gandhi appréciant une chanson sexuellement explicite (l’Inde est toujours profondément conservatrice), mais l’audio a été trafiqué, avec la chanson originale d’un film de Bollywood.

Une autre image a été modifiée numériquement pour montrer Gandhi servant de l’alcool à sa table, un laxisme moral implicite destiné à nuire à sa position parmi les dévots hindous et musulmans.

Le BJP « ébranlé »

Des organisations de vérification des faits en Inde, dont l’AFP, ont publié près de 30 blogs démystifiant à la volée de fausses allégations apparues sur Facebook, Twitter et des plateformes de messagerie instantanée.

Le Congrès, qui a gouverné l’Inde pendant des décennies mais ressemble maintenant à une force épuisée, a pointé du doigt le BJP pour avoir tenté de se moquer et de discréditer Gandhi.

Supriya Shrinate, présidente de l’équipe des médias numériques et sociaux du Congrès, a déclaré que le BJP avait publié au moins 10 à 15 “gros mensonges”, notamment sur ce que Gandhi portait, mangeait et comment il adorait.

“Le BJP est complètement bouleversé… Ce n’est pas la première fois qu’ils salissent l’image de Gandhi, et ils le feront à nouveau. C’est une machine bien conçue qui, avec les grands médias et les grandes entreprises, le cible”, a-t-il déclaré. . AFP.

Certaines des fausses déclarations proviennent de hauts responsables du BJP.

Amit Malviya, responsable du département national de l’information et de la technologie du BJP, a partagé un clip sur Twitter avec une fausse affirmation selon laquelle un membre senior du Congrès attachait les lacets de Gandhi.

“Vous voyez le gamin arrogant au lieu de se servir en se tapotant dans le dos”, a écrit Malviya dans le tweet, vu 1,1 million de fois et étiqueté par Twitter comme “présenté hors contexte”.

La propre équipe des médias sociaux du Congrès a tweeté une déclaration vidéo du politicien du Congrès dans la vidéo expliquant qu’il attachait ses lacets, pas ceux de Gandhi. Cela n’a été vu que 160 100 fois.

Polarisation

Ni Malviya ni le porte-parole du BJP GVL Narasimha Rao n’ont répondu aux demandes de commentaires de l’AFP sur cette histoire.

La désinformation en ligne est montée en flèche en Inde, ainsi que la montée en flèche de la possession de téléphones portables et de l’utilisation d’Internet ces dernières années.

Alors que tous les partis politiques, y compris le Congrès, sont à blâmer, le BJP et son équipe de médias sociaux sont de loin les plus prolifiques, selon les experts.

Joyojeet Pal, professeur agrégé à la School of Information de l’Université du Michigan, était sceptique quant à l’utilité de la vérification des faits et de la désinformation.

“Avec le niveau de polarisation que nous voyons en Inde en ce moment, les gens vont croire ou du moins faire semblant de croire ce qui convient mieux à leurs prédispositions qu’aux faits”.