Constitutionnellement, le titre de président en Suisse n’est que cérémoniel. Les sept membres du Conseil fédéral, l’exécutif suisse, ont des pouvoirs égaux et doivent gouverner par consensus harmonieux, principe connu sous le nom de collégialité. Cela signifie que tous les conseillers fédéraux doivent présenter un front uni au public même lorsqu’ils sont en désaccord avec une décision. Cette semaine, plusieurs politiciens et commentateurs ont accusé Ueli Maurer, conseiller fédéral et membre du Parti populaire suisse (UDC/SVP), d’avoir violé le principe de collégialité.

Source : réseaux sociaux

Au cours du week-end, des photos ont fait surface de Maurer posant avec le groupe Freiheitstrychler portant l’un des t-shirts du groupe. Freiheitstrychler, qui se traduit par les cloches de la liberté, se décrit comme un défenseur de la liberté. Il a protesté contre bon nombre des mesures mises en place par le Conseil fédéral pour gérer la propagation du Covid-19, en affrontant l’exécutif de sept membres de la Suisse.

Selon le groupe, il a été fondé à l’automne 2020 en réponse à la conviction que certains politiciens et institutions piétinaient les libertés constitutionnelles suisses. Le groupe, qui marche avec des cloches à vache, a été présent à de nombreuses manifestations contre la fermeture et les vaccins en Suisse. Il était un fervent partisan d’un vote pour abroger la loi gouvernementale Covid-19 le 13 juin 2021, un référendum qui a échoué lorsque 60% des électeurs ont soutenu les lois du gouvernement. Cependant, la majorité a voté pour renverser la loi dans 7 cantons où le groupe est actif. Uri (55 %), Schwytz (59 %), Obwald (57 %), Nidwald (51 %), Glaris (51 %), Appenzell Rhodes-Extérieures (53 %), Appenzell Rhodes-Intérieures (61 %) et Thurgovie (50 %) toutes avait des majorités contre les lois du gouvernement sur le Covid-19.

Certains voient dans la démonstration publique de solidarité d’Ueli Maurer avec le groupe un affront au principe constitutionnel de gouverner par consensus harmonieux. Ils soutiennent qu’en se rangeant publiquement du côté d’un groupe qui s’oppose à un certain nombre de décisions clés du Conseil fédéral, vous manifestez publiquement votre désaccord avec vos collègues, un acte contraire à la collégialité.

Lors d’une conférence du Parti populaire suisse (UDC/SVP) en mars, Maurer a déclaré qu’en tant que membre du Conseil fédéral, il se sentait parfois comme un membre d’une secte dont il tentait d’échapper.

S’adressant à la RTS, Roger Nordman (PS/SP) a qualifié le comportement de Maurer de grave violation du principe de collégialité, l’accusant de saboter la campagne de vaccination du Conseil fédéral, propageant effectivement la crise.

Céline Amaudruz (UDC/SVP) a répondu en affirmant que d’autres membres du Conseil fédéral étaient également coupables d’avoir violé le principe et qu’il ne fallait pas blâmer Ueli Maurer plus que d’autres. Jean-Luc Addor (UDC/SVP), a déclaré à la RTS qu’il estime que Maurer n’a pas violé le principe de collégialité en parlant de liberté et qu’il a envoyé un signal fort à ceux du pays qui s’inquiètent pour elle. Plus tard dans la conversation, il a déclaré que la collégialité ne devrait pas empêcher la diffusion des opinions politiques et que la réaction au port de la chemise est une tempête dans une tasse de thé.

Balthasar Glättli (Verts) a déclaré qu’il pensait que Maurer exacerbait les divisions dans la société et que poser avec Freiheitstrychler allait au-delà de l’expression d’opinions politiques car cela montre sa solidarité avec un groupe qui légitime certains comportements. Glättli pense que Maurer doit prendre plus au sérieux la responsabilité d’être un conseiller fédéral. Selon lui, la responsabilité d’être conseiller fédéral est au-dessus de la politique.

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