Le président Emmanuel Macron a annoncé jeudi un plan visant à rendre la classe dirigeante française plus diversifiée en créant des lieux dédiés aux jeunes issus de milieux défavorisés dans l’élite de l’université ENA qui a formé des générations de dirigeants français.

Macron s’est plaint à plusieurs reprises que l’ascenseur social français est bloqué et que les jeunes issus de familles à faible revenu, en particulier les enfants d’immigrants africains ou arabes, n’ont pas de moyen de sortir des sombres immeubles de grande hauteur où ils grandissent.

Jeudi, il a dévoilé un programme «Talents» qui réservera six places à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA), l’école d’achèvement des hauts fonctionnaires de Strasbourg, aux étudiants issus de milieux plus pauvres.

Quatre autres universités prestigieuses participeront également au programme, qui vise à uniformiser les règles du jeu pour les étudiants dont les perspectives d’études ont souffert en raison de l’endroit où ils ont grandi.

Macron a fait cette annonce lors d’une visite dans la ville ouest de Nantes, où il a rencontré des étudiants de projets de logement et de zones rurales, qui se sont dits isolés des couloirs dorés des meilleures universités françaises.

“Je ne veux pas aller à l’ENA. Je me sentirais comme un imposteur”, a déclaré un élève à Macron, admettant qu’il n’avait pas réussi l’examen final à l’école, le baccalauréat.

Macron a dit aux étudiants de ne pas être «relégués dans l’environnement social ou le lieu où ils sont nés».

Macron, qui a grandi dans la ville nord d’Amiens, a ensuite été transféré dans l’une des meilleures écoles de Paris et a déclaré à l’AFP que “je ne savais même pas que l’ENA existait. Je l’ai découvert par hasard, à Paris”.

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Alors que de nombreux pays ont des programmes similaires pour lutter contre les inégalités, en France, l’action positive ou «discrimination positive» a longtemps été écartée comme étant contraire à l’idée d’une méritocratie.

Le mouvement de diversification du corps étudiant des universités produit par les élites françaises marque un tournant pour le centriste Macron, qui à un moment donné avait juré d’éliminer l’ENA, considérée comme un symbole de l’élitisme français.

– Cible ‘gilet jaune’ –

“Nous devrons abolir l’ENA, entre autres, pour construire autre chose”, a déclaré Macron en avril 2019 pour tenter de réprimer des mois de manifestations souvent violentes des “gilets jaunes” contre l’inégalité et l’arrogance perçues des élites françaises.

Mais face à la clameur des défenseurs d’une institution qui a généré des générations d’administrateurs publics, Macron a décidé de réformer l’institution.

Il a déclaré jeudi que 1000 places seraient créées dans deux nouveaux programmes pour préparer les étudiants issus de milieux défavorisés à postuler dans les meilleures universités de France.

Parmi ceux-ci, six poursuivront leurs études à l’ENA et un nombre similaire dans quatre autres universités d’élite.

Les diplômés de l’ENA, connus sous le nom d’énarques, forment un réseau d’influence qui s’étend aux plus hauts niveaux de la politique et des affaires, ce qui en fait une cible des critiques de l’establishment français pendant des décennies.

Malgré un examen d’entrée ouvert à tous et prétendument méritocratique, les études montrent que l’admission des étudiants ENA est dominée par les enfants de familles aisées.

Macron est le quatrième président depuis la Seconde Guerre mondiale à être diplômé de l’école créée après la Seconde Guerre mondiale, sur les traces de Valery Giscard d’Estaing, Jacques Chirac et François Hollande.

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